
L’urgence d’une société adaptée aux électro et chimico-hypersensibles
15 mai 2025
Journée mondial de la sensibilisation à l’accessibilité
Dans notre monde en constante évolution technologique et chimique, une réalité silencieuse et souvent ignorée touche un nombre croissant de citoyens : l’électrohypersensibilité (EHS) et la multi-chimico-sensibilité (MCS). Ces conditions, bien que controversées dans certains cercles médicaux, n’en sont pas moins invalidantes pour ceux qui les vivent. Elles les confinent à des existences marginalisées, les privant d’une participation pleine et entière à la société. Une société pleinement inclusive est une société qui ne laisse personne au bord du chemin. Il est grand temps de lever le voile sur cette “prison invisible” et d’œuvrer collectivement à une inclusion véritable, tant dans notre environnement physique que numérique.
Imaginez un monde où le simple fait d’allumer votre téléphone, de vous connecter au Wi-Fi public ou de vous asseoir dans un bureau fraîchement nettoyé devient une source de souffrance intense : maux de tête lancinants, fatigue accablante, difficultés respiratoires, éruptions cutanées… C’est le quotidien des personnes dites EHS et MCS. Elles ne sont pas des marginaux volontaires ; elles sont les victimes collatérales d’un progrès qui, paradoxalement, les exclut.
Les exclus technologiques. L’EHS se manifeste par une réaction excessive aux champs électromagnétiques émis par les appareils du quotidien. La MCS, quant à elle, provoque des symptômes variés en réponse à de faibles doses de substances chimiques présentes dans notre environnement : lessives, produits ménagers, peintures… Ces deux conditions, bien que distinctes, partagent un point commun : elles transforment l’environnement moderne en un véritable calvaire pour ceux qui en souffrent.
Le numérique, pilier de notre société moderne, est loin d’être un allié pour ces personnes. L’omniprésence des ondes électromagnétiques, des objets connectés, des véhicules autonomes et des réseaux sans fil créent des barrières invisibles mais bien réelles. De même, notre environnement physique, saturé de produits chimiques dans les matériaux de construction, les produits d’entretien, les parfums et même nos vêtements, constitue un champ de mines sensoriel constant.
Isolement social, difficultés professionnelles, accès limité aux soins et aux services publics… Les personnes EHS et MCS sont souvent contraintes de se retirer du monde, de vivre en marge, loin de l’effervescence de la vie moderne. Cette exclusion n’est pas seulement une tragédie individuelle, c’est une perte pour la société dans son ensemble. Pourtant, une société véritablement progressiste se doit d’être inclusive dans toutes ses dimensions. Rendre notre environnement et notre monde numérique accessibles aux personnes EHS et MCS est une nécessité. Un impératif moral porteur de bénéfices pour tous.
Pour les personnes victimes des ondes et des produits chimiques, l’impact serait salutaire. La mise en œuvre de solutions adaptées aux besoin de ces personnes en situation de EHS et de MCS leur permettraient de retrouver une autonomie perdue, accéder à l’éducation, au travail, aux soins de santé et à la vie sociale, des droits fondamentaux trop souvent compromis.
Prendre des mesures concrètes pour adapter notre société à ces réalités passe d’abord par une meilleure reconnaissance de ces conditions. Les praticiens de santé doivent être accompagnés pour mieux comprendre les mécanismes physiologiques, les diagnostiquer et éviter l’errance médicale. Mais la solution ne se limite pas au domaine médical. C’est toute notre façon de concevoir notre environnement et nos modes de vie qui doit évoluer.
Les bénéfices d’une telle intégration s’étendraient ainsi bien au-delà. En repensant notre utilisation des technologies sans fil et en privilégiant des environnements à faible impact chimique, nous pourrions collectivement aspirer à un air plus pur, à des espaces de vie plus sains. La recherche de solutions pour les EHS et MCS pourrait stimuler l’innovation dans des domaines tels que les matériaux de construction écologiques, les produits du quotidien moins toxiques, les technologies de communication filaires à rayonnement maitrisé, profitant à l’ensemble de la population.
Le numérique accessible est également un numérique plus ergonomique et plus respectueux de la santé de tous. Des connexions filaires, des options de réduction des ondes et une conception centrée sur une moindre exposition de l’utilisateur bénéficieraient à chacun, réduisant la fatigue visuelle, les maux de tête et améliorant le confort général.
Il est temps de dépasser le scepticisme et d’écouter attentivement les témoignages des personnes EHS et MCS. Il est temps pour les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens de prendre leurs responsabilités et d’intégrer ces besoins dans la conception de nos villes, de nos lieux de travail, de nos moyens de transport et de nos outils numériques. Il est temps d’investir pour notre avenir.
La mise en place d’une société et d’un numérique pleinement accessibles aux besoins des EHS et des MCS n’est pas un défi insurmontable, ni un luxe. Cela demande de la volonté politique, de l’innovation technologique et un changement de mentalité. Mais le jeu en vaut la chandelle : une société plus juste, plus saine, plus respectueuse de l’environnement, plus attentive aux besoins de chacun et véritablement inclusive pour tous. C’est une question de justice, d’égalité et de respect de la dignité humaine. Construisons ensemble un monde où chacun, quelles que soient sa situation de handicap ou ses vulnérabilités, puisse vivre pleinement sa vie.